Pour une pédagogie libertaire appliquée

Mouvement éducatif initié au début du 20ème siècle par Francisco Ferrer, dans son projet « d’école moderne » (la Escuola Moderna), la pédagogie libertaire se fixe comme objectif de replacer les jeunes au centre de leur propre éducation. Elle considère ce levier comme le meilleur moyen d’émanciper l’avenir, comme un puissant vecteur de transformation sociale, comme une excellente façon de changer le monde. Elle décrète que ce que nous appelons un « enfant » n’est pas un « individu en devenir », mais un individu déjà existant, avec sa personnalité, ses aspirations et ses limites, qui doivent être respectées. La pédagogie libertaire sera vite reprise et appliquée par de nombreux pédagogues tel que Janus Korkczak, dont les écrits aboutiront en 1959 à la signature de la convention internationale des droits de l’enfant, ratifiée par la totalité des pays du monde, exception faite des USA. Nous retrouvons d’ailleurs cette notion de pédagogie libertaire à l’article 12.1 de celle-ci : «les états parties garantissent à l’enfant qui est capable de discernement le droit d’exprimer librement son opinion sur toute question l’intéressant, les opinions de l’enfant étant dûment prises en considération eu égard à son âge et à son degré de maturité ».

A Menideri, nous ne considérons pas la liberté comme une forme de « non-contrainte », parce que vivre ensemble nécessite de mettre en place des règles communes et que les Accueils Collectifs de Mineurs sont encadrés par des lois. Nous la percevons plutôt sous deux aspects :

la liberté comme « non domination » implique que chaque individu a droit au respect de ses intérêts et de ses convictions : aucun épanouissement personnel ne peut se faire au détriment de l’épanouissement de quelqu’un d’autre ;

la liberté sous forme « politique », c’est-à-dire la possibilité pour un individu de donner son avis et de participer aux décisions prises pour réguler le groupe au sein duquel il évolue.

Pour nous, un séjour de vacances au sein de l’éducation populaire est avant tout une sorte d’école de la démocratie directe, où chacun.e peut formuler ses idées et les proposer au groupe. L’association Menideri souhaite faire vivre la composante organique du collectif, son fonctionnement dépendant des individus qui le compose. C’est pourquoi nous permettons à chacun.e de participer à l’organisation du séjour. Le terme « enfant », signifiant étymologiquement « qui ne parle pas », est ainsi une notion que nous rejetons au sein de nos accueils collectifs de mineurs : que la parole de chacun.e soit écoutée, indifféremment de son âge et de sa condition. Les adultes, en ce qu’ils et elles composent également ce collectif, ne sont pas en reste dans l’expression de leurs envies, de leurs besoins et de leurs aspirations. Néanmoins, ces aspirations devront s’intégrer à celles du groupe.

« Je ne suis réellement libre que lorsque l’ensemble des êtres humains qui m’entourent le sont également »

Mikhaïl Bakounine